Si la base pour se prémunir de l’exposition aux produits phytosanitaires est de s’y exposer le moins possible, il est parfois nécessaire de réaliser une intervention pour protéger son revenu. Se protéger des substances actives est une priorité. Pour cela, chaque exploitation agricole doit mettre ne place une stratégie de prévention efficace, qui se base sur trois éléments : organisationnel, matériels et humains.
I/ PRÉPARATION DE LA CAMPAGNE
S’il n’existe pas d’organisation type, il est possible de préparer sa campagne lors de la période de morte-saison afin de limiter les imprévus et les accidents.
Choisir ses produits de traitements : si le choix du programme phytosanitaire est souvent raisonné sur l’efficacité du traitement, il est nécessaire de réfléchir en amont sur la dangerosité du produit. On pourra alors s’interroger sur les alternatives pouvant diminuer ou supprimer le produit. Pour vous aider à la réflexion et évaluer le risque chimique, vous pouvez consulter le site en ligne e-phy qui vous donnera tous les conseils en matière de protection (voir « Conditions d’emploi générales ». Un autre outil proposé par la MSA pour évaluer vos risques chimiques est le logiciel SEIRICH : https://ssa.msa.fr/wp-content/uploads/2018/12/Seirich-Evoluer-votre-risque-chimique.pdf
Préparer votre outil de pulvérisation :
La reprise de campagne est souvent délicate car on décolle les dépôts. pour éviter les incidents, il est recommandé de rincer le pulvérisateur sans les pastilles et les buses (on en profitera pour apprécier leur état d’usure) pour éliminer les résidus. Vérifiez également l’étanchéité des circuits de bouillie.
II/ PRÉPARATION DE LA BOUILLIE : BIEN CHOISIR SES EPI
Mettre des gants
L’utilisation des gants est le premier réflexe qu’on doit adopter, en effet, le contact avec la peau représente près de 70% des risques de contamination. Les mains sont les plus souvent exposées, mais aussi les bras, les jambes, le cou.
Les gants doivent être obligatoirement en nitrile.
Les gants jetables seront préférentiellement utilisés lors des interventions en plein champ pour des opérations nécessitant plus de dextérités. On gardera une boîte dans le tracteur avec un sac poubelle pour ne pas contaminer la cabine. NF EN 374-2
Les gants réutilisables ont la particularité d’avoir de longues manchettes protégeant également les avant-bras. On préfèrera les utiliser pour la préparation de la bouillie ou pour des traitements au pulvérisateurs à dos. NF EN 374-3
Comment les retirer (images MSA) ?
- Gants jetables :
- Gants réutilisables :
Laver ses gants est indispensable. En effet les produits utilisés sont adhérents et peuvent rester coller sur les gants jusqu’aux prochains traitements.
Mettre une combinaison
Comme pour les gants, les combinaisons peuvent être de deux types :
- combinaison jetable : de type TYVEK ;
- combinaison réutilisable : plus respirant et plus facile à porter que les combinaisons jetables, elles sont garanties pour un nombre de lavage limités (souvent 30). Il est important de les laver après chaque utilisation dans une machine à lavée dédiée.
norme EN ISO 27065 de catégorie C2.
Mettre un tablier
Pour des travaux avec un nombre plus important de produits ou en plus grande quantité, il est recommandé d’utiliser une surprotection de catégorie C3. Le tablier phyto doit se nettoyer à chaque fin d’utilisation à grande eau car le contact avec les produits le détériore. Porter un tablier permet également de se prémunir de contamination lors de contact avec la cuve lorsqu’on verse les produits.
Porter un masque
Il existe trois types de masques avec chacun des avantages et des inconvénients. Dans tous les cas la filtration recommandée est la A2P3.
TYPE | AVANTAGES | LIMITES | NORME |
Demi-masque jetable ou demi-masque à cartouche interchangeables | Simple d’utilisation, léger | Nécessite de mettre des lunettes, | EN 149 et cartouche certifié EN 405 |
Masque panoramique | Protection du visage et des yeux | Beaucoup de buée | EN 166 |
Masque complet à ventilation assistée | Protection complète du visage avec un vrai confort respiratoire | Coût élevé, temps d’installation, batterie à recharger régulièrement | EN 12942 ou EN 136 |
Le masque avec ses cartouches est à stocker dans une boîte ou un sachet hermétique à l’écart des produits phytosanitaires et de la poussière. Pour une durée de vie et une hygiène optimale, entretenir votre masque en passant après chaque traitement un chiffon humide sur les parties plastiques internes et externes.
Le changement du masque ou des cartouches s’effectue au minimum une fois par campagne s’il est bien conservé ou si on sent des odeurs.
Mettre des bottes
Les bottes sont le meilleur moyen de protéger ses pieds (normes EN 13832-1:2018, EN 13832-2:2018, EN 13832-3:2018).
Il est surtout important de ne pas porter de chaussures en toile ou en cuir qui absorbent les produits.
Nous vous recommandons de regarder les deux webséries dédiées aux EPI réalisées dans le cadre du Contrat de Solutions : #Agricall et « Prends en de la Graine » : https://epiphyto.fr/webseries/
Mettre des lunettes
La barrière des yeux est particulièrement perméable aux substances actives. Mettre des lunettes est alors indispensable ! Il existe des lunettes à branches simples, des sur-lunettes ou des visières pour que chacun y trouve son confort ! Norme NF EN 166 ou EN ISO 16321-1.
Dans quel ordre mettre ses EPI ?
Pour mettre en place vos EPI, nous vous recommandons de :
1° bien vous laver les mains pour éviter des contaminations ;
2° mettre votre combinaison ;
3° mettre votre masque ;
4° mettre vos lunettes
5° enfiler les gants ;
6° mettre votre tablier.
Pour retirer vos EPI, l’ordre sera différent :
1° retirer le tablier ;
2° retirer vos gants ;
3° retirer votre combinaison ;
4° se laver les mains ;
5° retirer les lunettes et le masque.
III/ CHOISIR SA CABINE DE TRACTEUR POUR SE PROTÉGER LORS DE LA PULVÉRISATION
Les applications de produits phytosanitaires sont des sources d’exposition de poussières, de vapeurs et d’aérosols (qui sont des suspensions de particules fines) pouvant être dangereux. Il est impératif lors du renouvellement des tracteurs de choisir une cabine respectant les normes les plus élevées en matière de protection
Quelle catégorie de cabine choisir ?
Depuis janvier 2010, les normes européennes NF EN 15695-1 et NF EN 15695 -2 spécifient les caractéristiques minimales que doivent avoir les cabines pour assurer une protection suffisante ne fonction des travaux. Sur un tracteur sans indication, la cabine est de catégorie 1 (elle n’a pas fait l’objet de tests d’efficacité). Globalement, les tracteurs ont une cabine de catégorie 2, avec éventuellement une prédisposition (Claas Axion) à la catégorie 3 si un filtre adapté y est ajouté (option).
Seule la cabine de tracteur catégorie 4 est adaptée à l’application de produits phytopharmaceutiques.
La catégorie de la cabine se retrouve sur la notice ou sur la plaque située sur le châssis à côté de l’indication de la norme EN 15695-1 (le plus souvent à l’arrière de la cabine).
(ENTRAID)
Quel filtre choisir ?
Comme stipulé dans la norme EN 15695, le dispositif de filtration doit nécessairement compter au moins trois étages de filtration successifs :
(MSA)
C’est pourquoi, la présence d’un filtre à charbon actif est également indispensable en aval du filtre anti-aérosols. Celui-ci doit être de classe A pour capter les gaz et les vapeurs de produits organiques.
À retenir : D’une manière générale, quand on choisit son filtre, la mention « cartouche au charbon actif » est insuffisante. Elle peut donner l’illusion d’une protection du chauffeur. Cette situation peut aggraver les risques de contamination, le chauffeur se croyant protégé.
–> Vérifier toujours la présence des trois étages de filtration.
Comment entretenir sa cabine et ses filtres ?
Après son utilisation, le filtre doit être correctement stocké selon les instructions fournies par son fabricant. Certains filtres disposent d’une date limite d’utilisation et peuvent être sensibles à la température et/ou à l’humidité. Les conditions de stockage ne doivent pas être négligées. Si le filtre utilisé doit correspondre à la catégorie de la cabine, il est possible d’utiliser un filtre non prévu par le constructeur si le fabricant apporte les mêmes garanties qu’un filtre d’origine.
ATTENTION : Une cabine de catégorie 4 non prévue pour un filtre de catégorie 2 pourrait dépasser la pression maximale de 200 Pa prévue par la norme EN 15695-1 et dégrader la cabine.
Pour conserver le filtre de manière optimale, on doit :
- sortir le filtre après utilisation avec des gants spécifiques produits chimiques ;
- le traitement fini, faire sécher le filtre naturellement puis le stocker dans une poche ou une boite hermétique ;
- ne jamais nettoyer un filtre à la soufflette ni le passer sous l’eau.
Pour préserver la performance de la cabine, on va :
- vérifier fréquemment l’état des joints des portes et des fenêtres et les changer ou colmater avec du silicone ;
- se laver les mains avant d’entrer dans la cabine et vérifier que les vêtements et les chaussures ne soient pas souillés afin de ne pas contaminer l’intérieur de la cabine par des produits de traitement ;
- ne pas stocker de matériel contaminés dans la cabine ni introduire des produits dans la cabine ;
- procéder au nettoyage de la cabine après chaque fin de traitement en insistant bien sur les zones d’accès pour éviter les contaminations ultérieures à l’aide de lingettes (poignés de porte, volant, rampe, etc.)
Quelles bonnes pratiques pour changer des buses lors du traitement ?
Le premier réflexe à avoir est de sortir de la zone traitée. On avance quelques mètres et on attend que le brouillard de traitement soit tombé. On utilisera une buse de rechange (opération plus rapide et moins contaminante). La buse bouchée retirée sera mise dans un sac plastique afin de la nettoyer à la ferme. Si on utilise des gants réutilisables, on prendra soin de les rincer.
IV/ NETTOYER LE PULVÉRISATEUR
Il sera réaliser le plus tôt après traitement pour éviter que les résidus ne collent à la paroi de la cuve.
1° dilution de fond de cuve à la parcelle :
Pour être épandu à la parcelle, le fond de cuve doit être dilué par 100, en 3 fois pour être le plus efficace. Pour un fond de cuve de 10 L, les volumes d’eau pour 3 dilutions seront de successivement 50 L, 40 L et 30 L.
2° rinçage du circuit de pulvérisation :
Remplir le pulvérisateur avec un détergent pour éviter le problème de sélectivité lors du prochain traitement. Vider le mélange par les buses de la rampe. Retirer les buses, les filtres et les porte-buses et les rincer à part dans la solution nettoyante, puis rincer
à l’eau claire. Remplir à nouveau le réservoir du pulvérisateur avec de l’eau propre et rincer de nouveau en prenant
soin d’ouvrir les bouts de la rampe. Réinstaller les buses, les filtres et les porte-buses.
À noter qu’on pourra utiliser un produit composé de paraffine ou d’un autre produit anti-adhérent à l’issu du lavage pour limiter l’adhésion des produits phytosanitaires sur le pulvérisateur et facilitera son lavage la fois suivante !
V/ SE PROTÉGER DES RÉSIDUS LORS DE TRAVAUX EN VERT
Qu’on soit viticulteur ou arboriculteur, les travaux de végétation sont nombreux sur la période de mai à juillet voir septembre pour les arboriculteurs. Ces périodes correspondent sur une grande partie à des périodes de traitements. Même si les délais de réentrée sont respectés, le contact avec des résidus sur feuillage est non négligeable.
Pour se protéger, il est conseillé de porter des vêtements long avec des chaussures dédiés. De porter des gants. Les gants avec les normes EN ISO 18889 GR sont spécialement adaptés pour ce genre de travaux avec le dos de la main respirant pour améliorer le confort.
Après le travail, penser à retirer les gants (les laver pour des réutilisables) et à vous laver les mains avant de reprendre votre véhicule. Laver les vêtements de travail après chaque utilisation.